lundi 18 août 2014

V-9) Aristote versus les approches scientifiques modernes (Empirisme)


Aristote a souvent été attaqué -encore aujourd’hui- par les scientifiques et les épistémologues car ils estimaient qu’il fallait introduire une rupture avec l’aristotélisme. Lorsqu’on analyse de près ces attaques, on voit qu’elles sont de deux ordres :

V-9-1) Attaques contre la Physique d’Aristote

La physique d’Aristote n’est pas autre chose que la physique de l’époque, il est donc normal qu’il ait fallu opérer un divorce, une rupture, avec cette physique car elle ignorait totalement toute une série de concepts clefs et nouveaux :
  • l’inertie et la force avec Newton,
  • les mathématiques différentielles, les concepts de temps et d’espaces (fixes puis relatifs),
  • la géométrie de Riemann (exemple typique de niveau supérieur de géométrie par rapport à la géométrie euclidienne) ;
  • la terre ronde et l’héliocentrisme (bien que les Grecs aient découvert que la terre était ronde…) ; etc.…
Ces attaques et ces ruptures ne sont pas contestables, et il est vrai qu’il a été nécessaire au XVII° et XVIII° siècles de faire des attaques sévères pour combattre les tenants de l’ancienne physique qui croyaient dans les paradigmes de l’époque en les prenant comme une référence absolue, et ont dû être littéralement abattus (au sens de T. Kuhn) pour céder la place aux nouveaux paradigmes scientifiques.

V-9-2) Attaques contre la Philosophie d’Aristote

Les attaques contre la philosophie d’Aristote sont plus contestables. Elles relèvent souvent d’incompréhensions, on a souvent mélangé la physique et la philosophie d’Aristote, considérant que si l’une datait sérieusement, l’autre aussi automatiquement. Mais ces polémiques relèvent aussi d’attaques faites sciemment et dans un but précis, notamment par les tenants du platonisme ou encore du cartésianisme. Ainsi, lorsque certains auteurs résument Aristote à la logique du tiers exclu, donnée comme complètement dépassée, pour en conclure qu'il est donc typiquement à l'opposé de la Systémique et malencontreusement du Constructivisme ! C'est oublier un peu vite qu'à son époque, comme décrit en (III-2-1-6), qu'Aristote avait besoin de poser les premières pierres de la logique, et devait en cela combler un vide. Il est donc assez normal qu'il ait commencé par ce type de logique, les autres types de logiques étant explorées plus de  deux milles ans plus tard... Le chapitre sur Aristote analyse d’une manière plus large ce dernier point pour la Systémique qui intègre partiellement cette philosophie.

Apport de la Systémique : La Systémique doit rendre hommage à Aristote, ce qui ne signifie pas qu'elle soit tenue de tout en reprendre aveuglement.. Certes sa physique est sans intérêt aujourd’hui, mais sa philosophie peut être utilisée comme un outil de pensée recadré et contrôlé par la Systémique. Elle ne doit bien sûr en aucun être érigée en idéologie absolue, mais peut être utilisée à certaines étapes des raisonnements. Par exemple, si nous connaissons bien un certain niveau de systèmes, Aristote n’apportera rien. Mais si nous abordons des niveaux mal connus, les concepts aristotéliciens vus plus hauts apportent un certains nombres de « cases » où nous pouvons en quelque sorte ranger nos idées en attendant d’y voir plus clair en progressant dans nos constructions mentales. En quelques sortes, ces concepts peuvent être vus comme des outils de pensée, des outils heuristiques commodes, sans plus, à considérer comme tel, avec prudence et sans idéologie, en attendant mieux. Par contre il faudra prendre garde à ce que ces outils de pensées ne deviennent bloquants, comme l’a été l’aristotélisme en physique à bien des reprises vis à vis des sciences modernes, les empêchant de progresser par des concepts pris au pied de la lettre, état d'esprit certainement opposé aux conceptions d’Aristote…

SUITE du Blog : V-10) Gestaltisme versus Connexionnisme et cognitivisme

Benjamin de Mesnard

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